Exposition "L'Ange du bizarre. Le romantisme noir de Goya à Max Ernst" au Musée d'Orsay
Pour sa nouvelle exposition, le musée d'Orsay met à l'honneur le "romantisme noir", mouvement artistique européen qui touche tous les arts, de la peinture à la sculpture en passant par les arts graphiques. "L'exposition tente, pour la première fois en France, de retracer l'histoire de ce mouvement" qui semble fasciné par l'horreur et l'étrange, et tous ce qui va avec (vampires, spectres, sorciers, châteaux hantés, cauchemars, ...) en présentant trois époques: la naissance du mouvement, l'affranchissement et les mutations du mouvement et enfin, la redécouverte du mouvement par les artistes surréalistes.
Les premières salles sont les plus obscures, les oeuvres exposées sont sombres et très crues et représentent des scènes de cannibalisme, de satanisme, de torture, d'infanticide, d'inceste ou encore de cauchemar. Ces scènes sont inspirées des descriptions de l'Enfer de Dante ou de Milton. En effet, l'héritage littéraire est très fort pour ces artistes romantiques qui se nourrissent de littérature et de superstitions populaires, auxquelles ils rajoutent leurs visions personnelles, souvent teintées d'érotisme. Le mouvement s'exprime également dans le paysage, servant ainsi de décors aux figures damnées.
Dans les salles suivantes, les couleurs sont plus présentes et les scènes moins violentes. Il est question ici de peurs plus modernes liées à l'époque: la seconde révolution industrielle. Dans ces salles, les artistes (Gustave Moreau, Edvard Munch, Odilon Redon, ...) exposent leur vertige et leurs doutes face aux métropoles modernes et à cette société nouvellement urbanisée et industrialisée. La nature devient "une force dévorante et le moteur de destruction du bonheur individuel au profit de la perpétuation de l'espèce".
Enfin, il est question dans la dernière salle à la fois d'un hommage et à la fois d'une inspiration. En effet, les artistes surréalistes sont fascinés par le travail des artistes du romantisme noir avec lesquels ils partagent de nombreuses inspirations, comme leur prédilection pour l'anticonformisme esthétique des contrastes et de l'excès, ou encore l'importance laissé au hasard, au rêve et à l'inconscient dans leurs oeuvres, dont il s'inspirent énormément.
Cette exposition est à nouveau très réussie et très complète. La muséographie est très agréable et les oeuvres fascinantes, coup de coeur!
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Musée d'Orsay
1, rue de la Légion d'Honneur
75007 Paris
Jusqu'au 9 juin 2013.